"A 5 %, le seuil de la douleur serait dépassé".

Le directeur général de la SSR, Armin Walpen, se prépare à limiter les dégâts

Armin Walpen, directeur général de la SSR, se prépare à limiter les dégâtsLa SSR n'acceptera le splitting annoncé de la redevance pour les télévisions locales et régionales que si elle obtient des compensations. La publicité à la radio n'est qu'une des nombreuses revendications possibles que le directeur général de la SSR, Armin Walpen, met sur la table.Dès l'annonce des projets du Conseil fédéral concernant le splitting de la redevance, vous avez mis sur la table votre revendication concernant la publicité à la radio - manifestement, vous êtes désormais très sérieux.
Armin Walpen : Si un fractionnement des taxes devait avoir lieu dans une large mesure, il faudrait alors accepter que nous posions la question de la compensation. Nous l'avons toujours souligné ; cette exigence n'est pas nouvelle. Un splitting de la redevance plus poussé signifie moins de moyens financiers pour SRG SSR idée suisse ; une compensation possible serait la publicité radio.
Les chances sont toutefois minces. Car le jour même où il a communiqué les plans de splitting, le Conseil fédéral a dit qu'il ne voulait pas de publicité sur les radios de la SSR. Cette déclaration ne vous effraie-t-elle pas ?
Walpen : La question ne se posera que lorsque la nouvelle loi sur la radio et la télévision entrera en vigueur. D'autre part, il s'agit ici d'une revendication passive. Cela signifie que si les conditions générales étaient restées les mêmes, nous n'aurions pas abordé la question de la publicité à la radio. J'ai toujours lié une éventuelle revendication de la publicité radio à un splitting de la redevance significativement plus élevé. SRG SSR peut tout à fait renoncer à la publicité radio. Nous pourrions vivre avec, comme nous le faisons d'ailleurs aujourd'hui. Mais si l'on veut nous prendre de l'argent, je dois, en tant que directeur général, me demander où je peux récupérer cet argent. Nous ne sommes pas une entreprise avec énormément d'argent. Au contraire, nous atteignons nos limites.
Néanmoins, le Conseil fédéral aura le dernier mot, car la question de savoir si les radios de la SSR peuvent faire de la publicité ou non est fixée dans leurs concessions. Or, c'est le Conseil fédéral qui est compétent pour modifier les concessions.
Walpen : Bien sûr, c'est au gouvernement national de décider. Si le Conseil fédéral dit non, c'est un non, et SRG SSR idée suisse doit l'accepter. Mais s'il disait oui, nous l'accepterions aussi.
En utilisant la menace de la publicité à la radio, il s'agit surtout de maintenir le plus bas possible le montant encore à déterminer pour le splitting de la redevance. Existe-t-il un seuil de douleur à partir duquel vous renonceriez à exiger la publicité à la radio ?
Walpen : Les chiffres les plus divers sont actuellement proposés. Pour ma part, je pars du principe qu'à l'heure actuelle, on ne sait pas encore à combien s'élèvera la part de la redevance pour les diffuseurs locaux et régionaux. Ce qui est clair pour moi, c'est que cinq pour cent serait clairement trop. Avec un tel ordre de grandeur, le seuil de la douleur serait dépassé, et nous ne nous poserions pas seulement la question de la publicité à la radio.
Avez-vous d'autres demandes de compensation en vue ?
Walpen : Plusieurs sont envisageables ; par exemple une augmentation de la redevance, que Marc Furrer, directeur de l'Office fédéral de la communication, n'a du moins pas exclue. Cette augmentation ne serait toutefois pas de la responsabilité de SRG SSR. Une autre possibilité de compensation serait de donner plus de liberté d'entreprise à SRG SSR.
Or, le Conseil fédéral fait un geste en faveur de la SSR, puisqu'elle peut conserver le sponsoring radio et télévision et donc un chiffre d'affaires annuel d'environ 40 millions de francs. C'est à peu près l'ordre de grandeur dont on parle actuellement pour le splitting de la redevance. Cela ne vous suffit-il pas ?
Walpen : Je rejette de telles compensations par rapport à un éventuel manque à gagner sur les taxes. Nous avons déjà ces 40 millions de francs aujourd'hui. Si on nous avait retiré le sponsoring, nous aurions encore perdu une part considérable de nos recettes.
Quelle est l'importance pour la SSR de pouvoir désormais conserver le sponsoring ?
Walpen : Je suis extrêmement reconnaissant au Conseil fédéral d'être revenu sur cette décision. Le sponsoring est très intéressant pour nous. Et il ne s'agit pas seulement de SRG SSR. En matière de sponsoring, il s'agit en premier lieu de faire profiter la culture, le sport et l'économie. Le fait est qu'il existe aujourd'hui de nombreux événements qui ne pourraient plus être organisés sans sponsoring ou qui en dépendent fortement.
Or, c'est précisément dans le domaine de la publicité radio que les avis sont partagés quant à son caractère souhaitable et à ses conséquences pour les radios privées.
Walpen : Je suis conscient qu'il y a deux opinions. C'est comme lors de l'introduction de la publicité télévisée, sauf qu'à l'époque, c'était la presse qui nourrissait des craintes. Mais aujourd'hui encore, une partie des radios privées est d'avis qu'elles perdraient des recettes si la SSR proposait elle aussi de la publicité à la radio. Une autre partie est en revanche convaincue que ce sera l'inverse. Selon eux, si le leader du marché propose de la publicité à la radio, celle-ci gagnera en importance. Cette opinion est défendue aussi bien par l'économie que par l'acquisition publicitaire. Parmi les diffuseurs radio, il y en a au moins quelques-uns en Suisse alémanique qui sont également de cet avis. En Suisse romande, on partage majoritairement ce point de vue. Mais en fin de compte, ces deux positions ne peuvent pas être prouvées aujourd'hui. Ce sont et restent pour l'instant des hypothèses.
Quelle est votre opinion ?
Walpen : Je ne sais pas non plus si l'un ou l'autre sera vrai. On peut apporter des arguments pour les deux évolutions possibles. Pour moi, comme je l'ai déjà dit, la question décisive est de savoir comment nous pouvons récupérer les moyens financiers qui pourraient éventuellement disparaître. Entretien avec le journaliste : Daniel Schifferle

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