Violation de la vie privée : un journaliste de 20 Minutes condamné

Le Tribunal cantonal neuchâtelois a condamné en appel un journaliste de 20 Minutes pour atteinte à la vie privée. Il a été reconnu coupable d'avoir décrit de manière trop détaillée le contexte familial lors de la couverture du procès du double meurtre des Verrières NE.

Justizgebäude_(Hôtel_judiciaire)

Dans son jugement publié mardi, le Tribunal cantonal de Neuchâtel a annulé une décision du Tribunal de police de Neuchâtel. En décembre dernier, la première instance avait encore acquitté le journaliste. Le juge était arrivé à la conclusion que l'injonction de ne pas révéler les antécédents familiaux pour protéger une victime constituait une atteinte au contenu qui n'avait pas de base légale.

Le président du Conseil suisse de la presse, Dominique von Burg, avait rappelé, en tant que témoin lors du procès devant la première instance, que la couverture de la justice est fondamentale pour une démocratie. Les restrictions doivent être rares et servir un intérêt public très important. Lors d'un procès, qui se déroule en partie à huis clos, le rôle du journaliste et son devoir d'information deviennent encore plus importants.

Le ministère public n'était toutefois pas du même avis. Il a fait appel de la décision du tribunal de police. Elle a conclu qu'il existait une base juridique suffisante pour faire primer, dans des circonstances exceptionnelles, la protection de la vie privée d'une personne impliquée dans une procédure judiciaire sur la liberté de la presse.

 

Possibilité de recours

L'association de journalistes Impressum s'est montrée préoccupée par le jugement. Elle a dénoncé une grave violation de la liberté de la presse et a recommandé de porter le jugement devant le Tribunal fédéral. C'est la seule manière de garantir le respect du mandat constitutionnel de la liberté de la presse.

20 minutes n'a pas encore pris de décision sur un recours au Tribunal fédéral, comme l'a déclaré mardi son rédacteur en chef Philippe Favre à l'agence de presse Keystone-SDA. Il a ajouté qu'il ne souhaitait pas s'exprimer sur l'affaire tant qu'une décision n'avait pas été prise sur un éventuel recours contre le jugement.

 

Motif de la jalousie

Le motif du double meurtre commis en août 2017 aux Verrières était la jalousie. Un Suisse de 74 ans n'a apparemment pas supporté que son ancienne compagne, d'une vingtaine d'années sa cadette, mène une vie avec un autre homme et les a tués tous les deux avec une arme de poing.

Le tribunal de district de Boudry a reconnu l'homme coupable de meurtre et l'a condamné à une peine de 20 ans de prison. (SDA)

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