La Commission des médias ne veut pas sauver le journalisme par des interdictions

Le paysage médiatique évolue rapidement. Même la Commission fédérale des médias (CFM) ne sait pas exactement où elle va. Un cadre institutionnel solide est donc d'autant plus important à ses yeux.

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Dans une prise de position publiée lundi, la CEME propose trois scénarios différents pour l'évolution du paysage médiatique suisse au cours des 10 à 15 prochaines années. Le plus optimiste part du principe que le journalisme utilisera les nouvelles possibilités numériques et conservera ainsi sa fonction et son importance actuelles.

Mais la CEME estime également possible que les prestations journalistiques indépendantes soient largement remplacées par des offres alternatives. Il peut s'agir de blogs, d'informations préparées automatiquement, de contenus commerciaux ou encore de propagande politique. Le journalisme au sens traditionnel du terme serait ainsi marginalisé.

Vital pour la démocratie

Dans le scénario le plus pessimiste, cette évolution va si loin que seules les offres journalistiques de niche survivent encore. Une telle évolution n'est pas souhaitable "pour le fonctionnement de la Suisse", peut-on lire dans le rapport. Selon la CEME, une offre médiatique diversifiée reste nécessaire du point de vue de la politique démocratique et indispensable à la cohésion du pays.

Dans ce contexte, la Commission formule des recommandations à l'intention des acteurs du marché et des responsables politiques. Elle propose entre autres la création d'une autorité de régulation indépendante qui serait chargée de promouvoir directement les médias. La CEME avait déjà formulé cette recommandation dans son rapport sur le service public de 2014.

Il en va de même pour la proposition selon laquelle la Confédération devrait soutenir les institutions de l'infrastructure médiatique et de la régulation du secteur. Une fondation des médias indépendante de l'État pourrait définir les directives nécessaires au soutien des médias. Il s'agit par exemple de normes minimales pour la production de contenus. Selon la CEME, les contenus journalistiques pourraient également être distingués des blogs, du marketing et d'autres offres par un certificat.

Nouvelle base constitutionnelle

En outre, la commission recommande non seulement d'étendre l'autorégulation de la presse à tous les contenus journalistiques, mais aussi d'imposer des obligations aux plateformes de médias sociaux ou aux moteurs de recherche. Elle est toutefois consciente que leur régulation n'est pas possible au niveau national.

Dans ce contexte, la CEME demande un large débat sur les contenus jugés acceptables dans la communication de masse et individuelle. Afin d'institutionnaliser cette discussion, un conseil de la communication doit être créé.

Malgré sa volonté de réglementer certains domaines, l'EMEK se montre sceptique quant aux interdictions visant à endiguer les dérives de la communication numérique. Elle souhaite plutôt faciliter l'accès à des contenus pertinents pour la politique démocratique et à des informations indépendantes. Les conditions-cadres à cet effet pourraient être fixées dans une nouvelle base constitutionnelle. (ATS)

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