Arrêter de fumer - mais comment ?

Havas Worldwide Zurich a lancé il y a dix jours la nouvelle campagne de prévention du tabagisme de l'OFSP. Beaucoup ont déjà critiqué le fait que celle-ci s'apparente à une mise sous tutelle qui fait partir en fumée neuf millions de francs d'argent public. Mais est-ce vrai ?

L'objectif déclaré de la prévention est "une société sans tabac". Cela peut paraître un peu paternaliste et surtout utopique, mais ce n'est pas aussi lointain qu'on pourrait le croire. Rétrospectivement, on peut constater que beaucoup de choses ont déjà changé en ce qui concerne le tabagisme. Il y a peu de temps encore, on fumait dans presque tous les bureaux. Même les personnages de dessins animés fumaient. "Il n'y a pas si longtemps, il était encore évident que les présentateurs de télévision fumaient et qu'on ne voyait presque plus les gens dans les groupes de discussion à cause de la fumée", se souvient Frank Bodin, CEO de Havas. Un changement de mentalité a donc déjà eu lieu. Nous voulons maintenant poursuivre cette réflexion. Il n'est toutefois pas question de mise sous tutelle. Il s'agit en premier lieu d'informer et de motiver les fumeurs prêts à arrêter. La campagne "Smoke Free" s'adresse donc aux fumeurs qui souhaitent déjà arrêter. Selon le Monitorage suisse des addictions, 57% des fumeurs ont exprimé ce souhait en 2013. Fumer ne leur procure en fait plus aucun plaisir. C'est ce sentiment que la campagne doit prendre par la main et motiver les fumeurs désireux d'arrêter.

La mesure de prévention ainsi que la campagne complète "Smoke Free" sont payées par les fumeurs eux-mêmes : La campagne est financée par le Fonds de prévention du tabagisme (FPT), qui est alimenté par le prélèvement de 2,6 centimes par paquet de cigarettes vendu. Les neuf millions de francs ainsi utilisés pour la campagne "Smoke Free" se répartissent entre la période de préparation en 2014 et la mise en œuvre du lancement de la campagne en février 2015 jusqu'en 2017. Elle a été élaborée en collaboration avec des organisations non gouvernementales (ONG) actives dans la prévention du tabagisme, les cantons et l'OFSP.

"Qui est le plus fort : toi ou moi ?"!

Le slogan "Je suis plus fort" est né d'expériences personnelles. "Arrêter de fumer est faisable, mais difficile", explique Frank Bodin. Selon lui, celui-ci a été inspiré par le père de sa compagne qui, vivant sur une île, a un jour relevé le défi d'une cigarette : "Qui est en fait le plus fort : toi ou moi ?"! Malgré cela, le slogan ne doit en aucun cas être compris comme un jugement de valeur. "Bien sûr, il y a aussi des gens qui sont plus faibles - ou qui deviennent faibles", poursuit Bodin. Mais le slogan ne doit en aucun cas les condamner ou les mettre sous tutelle. Le slogan veut au contraire motiver ceux qui veulent arrêter de fumer à le faire, sans condamner la faiblesse du fumeur. C'est pourquoi un nuage flotte autour de la tête de tous les protagonistes. Le sujet doit ainsi représenter les effets négatifs du tabagisme avec un sourire en coin. "Nous savons tous que fumer n'est pas une chose saine, l'image d'un poumon noir n'y change rien", explique Bodin. "Les

La campagne de prévention n'a pas pour but de moraliser, de provoquer ou de choquer", explique également Caroline Ronzani, Senior Account Director chez Havas Worldwide Zurich, "mais de conseiller et de motiver". Dans ce contexte, trois phases concrètes ont été mises en place pour 2014-2017. Dans la première phase, il s'agit non seulement d'informer sur la nocivité et d'augmenter la motivation à arrêter, mais aussi de mieux faire connaître les offres de soutien. Il s'agit notamment de services spécialisés et de conseils régionaux, d'une ligne stop-tabac mobile et en ligne ainsi que de médecins de famille et de pharmaciens. En outre, les personnes souhaitant arrêter de fumer peuvent recourir à une offre d'aide pour arrêter ensemble. Cet outil réunit des amis pour l'arrêt du tabac. Il sera lancé à l'automne 2015 et devrait conduire à une plus grande auto-motivation. La campagne a également eu un impact en interne chez Havas ; deux fumeurs de l'agence ont déjà décidé d'arrêter de fumer grâce à la campagne et s'y sont tenus jusqu'à présent. "On voit ici l'efficacité de la campagne", déclare Frank Bodin avec un clin d'œil. Pour que cela reste ainsi chez tous ceux qui veulent arrêter de fumer, la deuxième phase de la campagne "Smoke Free" impliquera l'environnement social comme multiplicateur. Le storytelling sera poursuivi et la volonté d'arrêter de fumer sera renforcée. La troisième phase doit ensuite confirmer le fait de ne pas fumer comme une évidence sociale. Au total, la campagne "Smoke Free" de trois ans sera accompagnée de six spots. Le storytelling prend alors une tournure surprenante. La dépendance ne disparaît pas en fumée, mais la fin de la campagne confirme clairement aux personnes souhaitant arrêter de fumer qu'une vie sans tabac est tout simplement plus agréable. On attend avec impatience.

Ursina Maurer
 

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