Jusqu'à l'expulsion

Barbara Lüthi, la correspondante de SF en Chine, a été récompensée par le prix "CNN-Journalist of the Year 2008" pour un reportage courageux.

L'évolution de la Chine intéresse Barbara Lüthi depuis de nombreuses années. D'un côté, la Chine fait preuve d'un dynamisme fou avec une croissance économique gigantesque, de l'autre, il y a les paysans qui n'ont presque rien et qui sont même encore plus mal lotis en raison des expropriations de terres. "C'est cet écart qui m'intéresse et en même temps la difficulté de faire des reportages sur ce pays", estime la correspondante en Chine de la télévision suisse.
Pour un reportage de "Rundschau" sur "l'expropriation des terres en Chine", elle vient d'être élue journaliste de l'année par CNN. Un jury composé de rédacteurs en chef renommés de Focus, SF, RTL, National Geographic, DW-World, ORF et Süddeutsche Zeitung a évalué plus de 300 reportages d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse.
Dans le domaine de la presse écrite, Alexander Stefanidis a gagné avec son premier reportage sur la grand-mère de Barack Obama au Kenya. L'histoire a été imprimée 40 fois jusqu'à présent "et recopiée à l'infini", comme l'a souligné Ueli Haldimann, membre du jury, dans son discours. Le gagnant de l'année dernière, Chris¬toph Feuerstein, s'est vu proposer "quatre contrats de publication" après ses recherches sur Natascha Kampusch. C'est donc un tour de table de haut niveau qui a permis à la journaliste suisse de remporter la victoire finale. Elle avait déjà remporté une victoire dans la catégorie TV en 2005 avec un reportage sur les conditions de travail dans les usines de jouets chinoises.
Barbara Lüthi a étudié les sciences économiques à Zurich et les langues à Sydney. Après avoir débuté comme VJ dans différentes stations, elle a rejoint "Rundschau" en 2001 et est actuellement à Pékin depuis 2006. Son mari Tomas Etzler travaille comme correspondant pour la télévision tchèque. Pour ses recherches, Lüthi travaille avec une productrice chinoise. Elle estime qu'il est important de servir de porte-parole à des collègues locaux dans un pays où la liberté d'expression est limitée. Parfois, elle doit faire preuve de diplomatie lorsque Lüthi a affaire aux autorités. "Mais je me bats pour que l'on puisse dénoncer des choses injustes, et c'est pour cela que je suis nominée ici", a-t-elle expliqué lors du spectacle des Awards.
Ses histoires parlent généralement de l'opposition entre la ville et la campagne. "C'est pour ça que je suis là-bas. Il y a des millionnaires en dollars et des paysans qui n'ont rien du tout". En parler fait sens pour Barbara Lüthi. Elle n'a pas peur. "Le pire qui puisse m'arriver, c'est d'être expulsée".
Andreas Panzeri
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