Le coq meurt tant qu'il veut

L'ombudsman du DRS Otto Schoch étend sa compétence à la publicité

L'ombudsman de la DRS Otto Schoch étend sa compétence à la publicitéDe Luca Aloisi Un médecin-chef en psychiatrie a contesté un spot TV pour la radio DRS. Non pas, comme on pouvait s'y attendre, auprès de la Commission pour la loyauté, mais auprès de l'ombudsman Otto Schoch. Juridiquement, le spot n'enfreint pas la loi. Il estime toutefois que la réclamation est fondée.
Comme la WerbeWoche l'avait déjà supposé lors de la description de la campagne (WW 23/01), le spot réalisé récemment par Advico Young & Rubicam pour la radio suisse DRS, dans lequel un coq fatigué de vivre termine son existence terrestre sous un train, a effectivement été contesté. Non pas par des défenseurs des animaux en colère, mais par un médecin-chef d'une clinique psychiatrique qui trouvait le spot "absolument de mauvais goût". Le spot télévisé pourrait avoir un effet incitatif sur les jeunes suicidaires en raison du suicide suggéré du coq et a ainsi sapé une campagne de prévention du suicide largement soutenue, a critiqué le psychiatre.
Certes, selon Otto Schoch, médiateur de la radio et de la télévision DRS, le message publicitaire a suscité un écho extrêmement positif auprès des téléspectateurs. Schoch a néanmoins estimé qu'il y avait lieu de clarifier la réclamation d'un point de vue juridique. Résultat : le spot n'enfreint ni la LRTV, ni les dispositions de la concession, ni les directives de l'OFCOM, raison pour laquelle Radio DRS veut continuer à le diffuser.
Interprétation généreuse de l'article 60 LRTV
Plus surprenante que l'"acquittement" est la décision de Schoch d'interpréter généreusement la notion d'émission, telle qu'elle est définie dans la LRTV, et d'étendre son domaine de compétence à la publicité. A propos du contrôle des spots publicitaires, il a écrit dans le magazine du Conseil du public Link : "J'aurais trouvé très mesquine une interprétation étroite des dispositions légales, et c'est pourquoi je suis entré en matière sur le grief. Car l'art. 60 LRTV prévoit tout de même que toute personne peut contester une émission, et je pense que les spots publicitaires sont aussi des émissions au sens de cette norme".
L'ATS en a déduit qu'en plus du programme, les spots TV pouvaient désormais être contestés auprès de l'ombudsman, ce qui relève en fait de la compétence de la Commission pour la loyauté. Walter Merz, directeur de la BSW, n'est pas content : "Si l'on respectait le chemin de compétences bien rodé, Monsieur Schoch aurait dû attirer l'attention du médecin-chef de la psychiatrie sur le fait que cette commission est compétente pour la publicité".
Il n'est pas en mesure d'évaluer la décision qu'elle prendrait dans un tel cas. Mais pour lui, il ne fait aucun doute que son verdict est déjà rendu dans les circonstances actuelles. En revanche, il ne craint pas, tout comme Peter Felser, CEO de l'agence de publicité responsable, un nouveau coup de ciseaux dans la tête des créatifs. Felser : "Nous continuerons à répondre au mieux au briefing de nos clients, qui met l'accent sur une tâche".
Dans le cas du spot TV incriminé, il s'agissait de mettre en œuvre de manière étonnante le message selon lequel de plus en plus de personnes se font réveiller par la radio. "Si le contenu n'est pas donné, c'est une provocation inutile à la Benetton", ajoute Felser. Pour Othmar Stadelmann, vice-directeur de Publisuisse et visionnaire du spot, celui-ci est tout à fait discutable, surtout du point de vue des personnes à tendance dépressive, raison pour laquelle il comprend la démarche de Schoch.
René Bardet, porte-parole de la DRS, tient à préciser que tout cela n'a en principe rien à voir avec SF DRS et qu'une "stricte séparation entre programme et publicité continue de s'appliquer". En raison de son absence, l'ombudsman Otto Schoch n'a pas pu prendre position sur la problématique décisive de l'entrée en matière. Reste donc à savoir si sa décision doit être interprétée comme une orientation.
Pour Merz, il est envisageable que le secrétaire de la Commission pour la loyauté cherche à prendre contact avec l'ombudsman afin de clarifier son entrée en matière sur le blâme. Après tout, l'éthique ne peut pas être décrétée par une instance étatique. Si une agence viole les principes éthiques, elle se nuit à elle-même et à ses clients, et personne n'a intérêt à ce que cela se produise.
Bien que la Commission pour la loyauté n'ait encore jamais été confrontée à un tel cas, elle ne se sent ni rabaissée ni remplacée. Le secrétaire de la commission, Hanspeter Marti, considère sa tâche comme subsidiaire à celle des tribunaux. "Dès que le droit de la concurrence déloyale est concerné, nous traitons tous les cas, indépendamment du fait que les autorités ou d'autres personnes s'en soient déjà occupées". Il ne s'attend pas non plus à ce qu'un service public transmette le cas à un service privé. Et encore moins lorsqu'il s'agit de questions d'éthique et non de droit. "Après tout, nous ne voulons pas être des juges de moralité".

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