Travailsuisse lance une liste noire contre la discrimination salariale

L'organisation syndicale faîtière Travailsuisse a lancé jeudi un système de whisleblowing dans la lutte contre la discrimination salariale. Les travailleurs et travailleuses doivent dénoncer de manière anonyme les entreprises qui n'effectuent pas l'analyse de l'égalité salariale exigée par la loi sur l'égalité.

(Image : Travailsuisse.ch)

Les entreprises fautives seront publiées sur une liste noire dès le milieu de l'année en cours, a annoncé jeudi Travailsuisse. Une inscription sur la liste noire renseigne sur le respect de la loi sur l'égalité et non sur l'existence d'une discrimination salariale au sein de l'entreprise, peut-on lire sur le site Internet de l'entreprise. Respect8-3.ch.

Depuis juillet 2020, les entreprises de plus de 100 employés sont tenues de procéder à une analyse de l'égalité salariale. D'ici le 30 juin 2023, les entreprises devront avoir analysé leurs salaires afin de déterminer s'il existe une discrimination entre les sexes et communiquer les résultats aux employés.

Absence de contrôles et de sanctions

Selon Travailsuisse, les contrôles des analyses et les sanctions font toutefois défaut. C'est pourquoi de nouvelles mesures telles que la liste noire sont nécessaires. La faîtière syndicale demande que le "seuil de tolérance" actuel de cinq pour cent soit supprimé. Les entreprises qui présentent des différences salariales inexpliquées devraient être obligées de refaire l'analyse des salaires. Les entreprises qui ne prendraient pas de mesures efficaces pour réduire la discrimination salariale devraient être sanctionnées.

Sur la liste blanche de la plateforme Respect8.3.ch, environ 160 entreprises qui respectent la loi sur l'égalité sont inscrites, comme l'a constaté Tobias Bauer, responsable de la politique économique de Travailsuisse, selon un communiqué aux médias. Elles emploient environ 450'000 travailleurs et ont fait parvenir à l'organisation faîtière les résultats de leurs analyses salariales.

Travailsuisse part du principe que l'on dispose ainsi d'informations sur environ 18 pour cent de tous les travailleurs et travailleuses en Suisse. Il ne s'agit toutefois pas d'un échantillon aléatoire représentatif, mais d'entreprises qui veulent s'attaquer activement au problème de la discrimination salariale et qui sont pour la plupart intégrées dans un partenariat social, a expliqué Bauer.

Liste blanche

Les résultats de cette liste blanche ont montré qu'environ 95 pour cent des entreprises présentaient un écart de salaire inexpliqué en défaveur des femmes. La différence salariale maximale inexpliquée était de 15,7 pour cent. En moyenne, l'écart salarial inexpliqué était de 3 pour cent dans ces "entreprises principalement exemplaires". Il était donc inférieur aux 8 à 9 pour cent calculés pour l'ensemble de l'économie.

Pour Travailsuisse, les expériences faites jusqu'ici avec les analyses salariales ont montré que les entreprises prennent surtout des mesures efficaces pour atteindre l'égalité salariale lorsqu'elles sont intégrées dans le partenariat social. (SDA)

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