"Dans la publicité, on reste jeune, je le dis par expérience".

Urs Schneider, fondateur et propriétaire de Mediaschneider, répond à nos "13 questions".

Mediaschneider

1. qu'est-ce qui vous a inspiré pour vous lancer dans le secteur de la communication ?

En fait, je voulais devenir comptable. J'ai donc cherché un emploi par le biais d'une annonce. L'annonce n'est jamais parue. Publicitas m'a tout de suite embauché, c'était mes débuts dans la publicité. Je ne l'ai jamais regretté, le secteur de la communication est fascinant.

 

2. comment la publicité a-t-elle évolué depuis vos débuts ?

Ce sont les médias qui ont connu les changements les plus impressionnants. Le premier spot télévisé a été diffusé le 1er février 1965. Dix-huit ans plus tard, les premières radios locales ont commencé à émettre. Sans le courage de Roger Schawinski, le monopole de la SSR aurait perduré encore longtemps. En 1998, Google a été créé, suivi de Facebook en 2004. La révolution numérique a modifié l'utilisation des médias et créé de nouvelles possibilités publicitaires. Mais le plus important n'a pas changé : la créativité reste décisive pour le succès. Les idées créatives et leur mise en œuvre dans les médias apportent un avantage concurrentiel décisif.

 

3. en quoi le secteur de la publicité et de la communication se distingue-t-il des autres secteurs ?

On peut constater le succès de ses propres idées. Chaque jour, de nouveaux défis sont sur la table. La publicité évolue avec son temps et se réinvente sans cesse. On y reste jeune, je le dis par expérience. Il n'y a guère d'autres branches qui apportent cet esprit.

 

4. le secteur de la publicité est-il suffisamment valorisé pour son travail ?

Non ! Le secteur de la communication crée plus de 22 000 emplois, génère 6,6 milliards de chiffre d'affaires net - et mérite une meilleure reconnaissance. L'image des "publicitaires" auprès du public n'est pas écrasante. C'est peut-être parce que les gens considèrent la publicité comme stupide, ennuyeuse et agaçante. Un jugement trop général, si l'on considère que l'offre médiatique actuelle ne serait pas aussi variée sans la publicité. C'est à nous d'améliorer cette image grâce à des campagnes ingénieuses et divertissantes.

 

5. quel est pour vous le plus grand défi actuel en matière de publicité ?

La publicité doit susciter l'intérêt et ce, même auprès des jeunes générations. Heureusement, il y a toujours des campagnes qui méritent l'attention et l'acceptation. Mais de mon point de vue, le secteur a encore une grande marge de progression en termes de créativité.

 

6. que pensez-vous des interdictions de publicité en général ?

Elles sont problématiques à plusieurs égards. D'une part, elles entravent la concurrence et, d'autre part, elles mettent les consommateurs sous tutelle. Tant que les produits sont proposés légalement sur le marché, on devrait pouvoir en faire la publicité. Je fais une exception pour les enfants, pour lesquels les autolimitations fonctionnent très bien dans la pratique.

 

7. pourquoi n'y a-t-il pas plus de femmes dans les instances dirigeantes de la branche publicitaire suisse ?

Par expérience, j'aime beaucoup travailler avec des femmes, car elles ont souvent une vision différente et bien meilleure. Il serait souhaitable qu'il y ait encore plus de femmes aux postes de direction dans le secteur de la publicité.

 

8. le modèle classique de l'agence a-t-il un avenir à long terme ?

Non ! Ceux qui ne peuvent pas suivre l'évolution numérique auront des difficultés. Les agences ne doivent pas seulement utiliser les possibilités techniques les plus récentes, mais aussi développer et mettre en œuvre des stratégies intégrales. Les annonceurs recherchent avant tout une sécurité d'investissement et des solutions sur mesure pour leur marketing individuel. L'optimisation des campagnes on-line et off-line à l'aide de données en temps réel devient plus importante. Les compétences en matière de données et d'analyse seront encore plus décisives à l'avenir pour le ciblage, l'allocation budgétaire et les prévisions.

 

9. que pensez-vous de l'owned media ?

Aujourd'hui, c'est un canal absolument essentiel pour de nombreuses entreprises. Je pense qu'il faut aussi voir son importance de manière plus générale, dans le sens de "Converged Media". Une stratégie qui comprend des médias payés, payants et possédés est plus efficace et apporte la portée nécessaire pour toucher de nouveaux cercles de clients.

 

10. quelles sont vos habitudes de consommation de la télévision à titre privé ?

Je ne regarde pas la télévision tous les jours. Ainsi, ma consommation de télévision est largement inférieure à la moyenne. Mes émissions préférées sont les informations, les débats et les documentaires ainsi que, le dimanche soir, "Tatort" ou d'autres films policiers et des films choisis. Sinon, je préfère lire les journaux ou écouter la radio.

 

11. un mot à la mode qui vous tape sur les nerfs ?

"Agile" ! L'Agile Marketing Manifesto (2012 San Francisco) a déjà huit ans et cherche toujours des adeptes. Je pense que le marketing réussi a toujours été orienté vers le client et que la flexibilité est et reste un facteur de réussite indispensable. Mais les innombrables expérimentations dans la publicité ne contribuent guère à la valeur de la marque, elles créent plutôt de la confusion. L'agilité n'est rien d'autre que du vieux vin dans de nouvelles outres.

 

12. quelle a été la meilleure décision de votre vie ?

Sur le plan professionnel, c'est la création de Mediaschneider SA, il y a bientôt vingt ans, qui l'a marqué.

 

13. que regrettez-vous ?

Que je ne me sois pas mise à mon compte bien plus tôt.

Plus d'articles sur le sujet