Ce que disent les médias suisses sur la reprise du CS

La grande banque UBS a racheté sa concurrente Credit Suisse, en grande difficulté. Qu'en pensent les médias suisses ?

Le bâtiment du Credit Suisse sur la Paradeplatz de Zurich. (Image : Credit-suisse.com)

Depuis dimanche soir, la fin de Credit Suisse est scellée : La reprise de la deuxième banque suisse s'est faite sous la pression de la politique et des autorités de surveillance, après que la situation du CS se soit drastiquement dégradée.

La transaction a été précédée d'un marathon de négociations qui a duré tout le week-end et qui a impliqué, outre les représentants des deux banques, les conseillers fédéraux, la Banque nationale et l'autorité de surveillance des marchés financiers. Voici ce qu'en disent les médias suisses :

Tamedia : "Ce rachat est un scandale historique".

Pour Tamedia, la reprise du Credit Suisse par la grande banque UBS est un "scandale historique". La Confédération, la Finma et la Banque nationale se seraient laissées marcher sur les pieds par l'UBS. La nouvelle méga-banque aurait les avantages. Les contribuables, les clients et les collaborateurs en subissent les inconvénients. La plus grande banque suisse s'empare de l'institution suisse Credit Suisse, âgée de 166 ans, pour un prix d'achat de trois milliards de francs, soit même pas la moitié de la valeur boursière déjà faible de Credit Suisse. Les mesures prises par la Confédération font peser un risque de 9 milliards de francs sur les contribuables. L'image de la Suisse en tant que place financière stable a été durablement ternie par la fin du Credit Suisse.

NZZ: "Un zombie a disparu, mais un monstre est né"

Il y a quelques mois encore, personne n'aurait cru possible l'échec du Credit Suisse, commente la Neue Zürcher Zeitung. Il ne s'agit toutefois pas d'un accident. La banque suisse avait une valeur boursière de 100 milliards de francs en 2007, il n'en restait plus que 7 milliards vendredi dernier, soit autant que la Banque cantonale vaudoise. Il y a donc eu une destruction de valeur d'une ampleur énorme, due à des managers qui ont sous-estimé les risques par négligence et à des conseils d'administration impuissants qui ont trop souvent échoué dans leur contrôle. Le fait que la Banque nationale et l'autorité de surveillance financière aient insisté sur la reprise du Credit Suisse par l'UBS était lié à la crainte d'une panique boursière le lundi et à la pression de Washington et de Londres. "La Suisse s'est certes débarrassée d'une banque zombie, mais elle se réveillera lundi avec une banque monstre, l'UBS", écrit le journal. NZZ.

Vue: "Des plans financiers avec un colosse"

Le cas du Credit Suisse est aussi un cas de la place financière suisse, commente le Vue. La Suisse s'est endormie et a regardé trop longtemps comment la banque Escher, autrefois fière, a glissé les yeux fermés vers la ruine. Mais "pourquoi les autorités ne sont-elles pas intervenues plus tôt, lorsqu'il est devenu de plus en plus clair que le plan de transformation de la banque ne pouvait pas aboutir", se demande le journal. Et "pourquoi n'y a-t-il pas eu de signaux d'alarme de la part d'autres banques suisses" ? "Pourquoi a-t-il fallu la pression des autorités de surveillance et des ministères des Finances étrangers" pour que les Suisses concoctent du jour au lendemain une solution d'urgence ? Ces questions devraient, selon le VueIl est urgent de répondre à cette question. Car il n'y a que des perdants.

Journal d'Argovie: "Solution catastrophique"

Finalement, il n'y avait pas d'autre choix, commente la Journal d'Argovie. Il fallait trouver une solution avant dimanche soir - avant même l'ouverture des premières bourses en Asie. Sinon, le Credit Suisse se serait effondré lundi, le système financier suisse aurait été ébranlé - et avec lui le système financier mondial. Un incendie généralisé, une crise bancaire internationale auraient pu être déclenchés. Personne en Suisse ne voulait prendre ce risque. "Aucune bonne solution ne peut être trouvée sous une pression aussi énorme, et ce qui a été communiqué hier soir à Berne n'est pas seulement mauvais, c'est catastrophique", écrit le journal. Le Credit Suisse est sacrifié, pour des objectifs plus importants, pour la stabilité du système financier. L'UBS reprend le CS à un prix d'aubaine de 3 milliards de francs, et se fait rembourser les risques pris par la Confédération avec une garantie de 9 milliards de francs.

Suisse du Sud-Est: "Fin tragique d'une tragédie"

Le commentaire de la Suisse du Sud-Est qualifie la fin du Credit Suisse de tragique et de triste. Elle est tragique parce que la banque était en fait bien positionnée en termes de capital et que le conseil d'administration et la direction du groupe avaient une idée de la manière dont le CS pourrait se remettre sur pied dans deux ou trois ans. Mais les incertitudes déclenchées par les faillites de banques aux Etats-Unis, alimentées plus tard par les déclarations très maladroites du grand actionnaire saoudien du CS, la Saudi National Bank, auraient arraché cette chance au Crédit Suisse. Il serait toutefois trop facile de blâmer des circonstances extérieures pour son effondrement. La fin du CS serait plutôt la fin d'une tragédie de plusieurs années d'échecs de management et de scandales qui ont mis la banque dans cette situation fâcheuse dont elle ne pouvait plus se sortir par ses propres moyens.

La Liberté: "L'impensable est arrivé"

L'impensable s'est produit et ce, en un éclair, commente le journal La Liberté la reprise du CS par la grande banque UBS . La semaine dernière, le Crédit Suisse a été victime d'une crise de confiance spectaculaire. Le Conseil fédéral n'aurait pas eu le choix dans ses mesures. Le journal s'interroge surtout sur le sort des collaborateurs. Quoi qu'en disent les managers, le résultat sera "douloureux" pour eux. Un goût amer se dessine également pour les contribuables, puisque la Banque nationale suisse devra avancer jusqu'à 200 milliards de francs, ajoute le journal. (SDA/swi)

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