Ringier doit fournir des chiffres à Spiess-Hegglin

Dans plusieurs articles, le Blick a porté atteinte de manière illicite à la personnalité de Jolanda Spiess-Hegglin et a ainsi gagné de l'argent. Le tribunal cantonal de Zoug oblige donc la maison d'édition Ringier à fournir des informations permettant d'estimer le bénéfice réalisé avec les articles en question.

Spiess-HegglinLes articles concernaient des événements survenus lors de la fête du Landammann en 2014. Après la cérémonie officielle, un contact sexuel a eu lieu entre Jolanda Spiess-Hegglin, alors députée au Grand Conseil (Verts à l'époque), et un collègue député de l'UDC. De nombreux articles ont été consacrés à Spiess-Hegglin.

Vue-L'éditeur Ringier avait déjà été condamné dans cette affaire en 2020 pour atteinte à la personnalité. En janvier 2022, l'avocate de Spiess-Hegglin a fait valoir devant le tribunal cantonal que sa cliente avait été atteinte dans sa personnalité par cinq autres articles. Ringier devait restituer le bénéfice ainsi réalisé.

Le tribunal cantonal a considéré que les cinq articles portaient atteinte à la personnalité, comme il ressort du jugement dont l'agence de presse Keystone-SDA a eu connaissance. Dans un cas, l'atteinte était justifiée par l'intérêt public. Pour les quatre autres articles, l'atteinte à la personnalité était illicite.

Effet positif sur les ventes

Pour ces quatre articles, le tribunal cantonal part du principe qu'ils ont un effet positif sur les ventes du Vue et donc le succès commercial de Ringier. Il justifie cela par la présentation et l'orientation des articles.

L'éditeur doit donc être obligé de "divulguer toutes les informations permettant de déterminer et d'estimer le bénéfice réalisé", selon le jugement. Une fois la publication effectuée, c'est à Spiess-Hegglin de chiffrer son droit au bénéfice.

Ringier se voit accorder un délai de 60 jours à compter de l'entrée en vigueur du jugement. Dans son jugement, le tribunal précise les informations demandées, par exemple le nombre de ventes individuelles de certains produits. Vue-Les données relatives à l'accès aux articles en ligne peuvent inclure des numéros d'identification ou le nombre d'appareils à partir desquels des articles en ligne ont été consultés certains jours.

"Vérifier la contestation"

Interrogée, Ringier a déclaré qu'elle examinait la possibilité de contester le jugement. L'entreprise de médias a souligné que le tribunal n'était pas entré en matière sur une partie des demandes des plaignants et en avait rejeté une autre.

Dans un communiqué, l'avocate de Spiess-Hegglin estime que la décision du tribunal de Zoug est "importante" pour la suite de la procédure. Elle concrétise pour la première fois le mécanisme de calcul de la saisie des bénéfices en tenant compte de la numérisation.

Dans une prise de position, Spiess-Hegglin a qualifié la décision du tribunal de "radicale pour tous les médias qui pratiquent le clickbait". Le terme "clickbait" signifie en français "appât à clics" et désigne une méthode visant à inciter les utilisateurs de médias en ligne à cliquer sur un article, par exemple à l'aide de titres accrocheurs.

"C'est une étape importante dans l'histoire des médias", écrit encore Spiess-Hegglin. A l'avenir, chaque média devra bien réfléchir s'il vaut la peine de "publier dans une campagne - au contenu très souvent attentatoire à la personnalité - l'article suivant et celui d'après, qui ne sont souvent plus basés que sur des rumeurs et des calomnies".

Article supprimé

Malgré les atteintes à la personnalité constatées, le tribunal a renoncé à les constater formellement dans le jugement. Il n'est pas entré en matière sur une demande de Spiess-Hegglin allant dans ce sens.

Le tribunal a justifié cette décision par le fait que les articles avaient été supprimés en ligne. Il n'a pas été établi qu'ils continuaient à avoir un effet perturbateur. Le jugement du tribunal cantonal n'est pas encore définitif. Il peut faire l'objet d'un recours auprès de la Cour suprême de Zoug. (SDA)

Plus d'articles sur le sujet