Ordonnance pénale contre la journaliste Binswanger pour diffamation

La journaliste du Tages-Anzeiger Michéle Binswanger a été reconnue coupable par le ministère public bâlois, par ordonnance pénale, de diffamation envers l'ancienne députée zougoise Jolanda Spiess-Hegglin. La journaliste a été punie d'une peine pécuniaire avec sursis de 45 jours-amende à 200 francs et d'une amende de 1500 francs. Binswanger va faire appel du jugement.

L'ordonnance pénale de lundi, dont l'agence de presse Keystone-SDA a eu connaissance, n'est pas encore entrée en vigueur. Auparavant, CH Media avait rendu compte du jugement.

Spiess-Hegglin, directrice de l'association Netzcourage contre la haine sur Internet, avait porté plainte contre Binswanger pour atteinte à l'honneur et diffamation dans son canton de résidence, Bâle-Ville. La plainte a été déposée suite à un tweet de Binswanger du 4 mai 2020.

Binswanger avait écrit que Spiess-Hegglin accusait depuis cinq ans et demi un innocent de viol. Le contexte est la fête du Landammann de Zoug de 2014, à la suite de laquelle le collègue de Spiess-Hegglin au parlement cantonal, Markus Hürlimann, avait été soupçonné d'un possible délit sexuel. Sur le plan pénal, les incidents ont été clos sans condamnation.

Selon l'ordonnance pénale, Binswanger a publié le "tweet incriminé" en toute connaissance de cause. Et ce, bien que l'accusation de fausse accusation ait déjà été définitivement examinée par les autorités de poursuite pénale et réfutée en faveur de Spiess-Hegglin.

Tamedia va contester le jugement et déposer des preuves contre l'accusation de diffamation, a déclaré Nicole Bänninger, directrice de la communication de Tamedia, interrogée à ce sujet. Le ministère public bâlois a émis une ordonnance pénale contre Binswanger sans l'avoir entendue au préalable. En outre, Tamedia ne s'exprime actuellement pas davantage sur la procédure.

La CES critique la communication de Spiess-Hegglin

Spiess-Hegglin et Binswanger sont en conflit juridique depuis environ un an : Binswanger travaillait dernièrement à un livre sur la Landammannfeier, mais celui-ci ne peut pas être publié pour l'instant.

En septembre dernier, le tribunal cantonal de Zoug avait confirmé une décision superprovisoire de mai 2020. Spiess-Hegglin avait justifié sa demande d'interdiction par le fait qu'elle voulait empêcher que Binswanger écrive sur elle de manière à porter atteinte à sa personnalité.

Après plusieurs contributions privées de Spiess-Hegglin sur les médias sociaux - notamment un "like" sous une entrée Twitter de la plateforme en ligne "Megafon" de la Reitschule de Berne, montrant Binswanger avec une tête coupée - le Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes (BFE) est intervenu il y a deux semaines. Celui-ci soutient l'association Netzcourage avec un montant de 192'000 francs.

La CES a surtout critiqué des lacunes dans la communication de Netzcourage et l'absence de séparation entre le rôle de Spiess-Hegglin en tant que personne privée et celui de directrice. Elle a donc envoyé une mise en demeure à l'association, lui demandant de présenter un concept de communication et un code de conduite sur les médias sociaux avant le 31 août.

La coprésidente de Netzcourage, Greta Gysin (Verts/TI), a ensuite écrit sur Twitter que Netzcourage avait pris note de l'avertissement du BFEG. Ils sont conscients que le financement partiel de leur offre d'aide aux victimes implique aussi des obligations et que "l'association doit s'adapter aux nouvelles exigences sur le plan organisationnel". (SDA)

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