Renoncer au journalisme d'opinion - Nathalie Wappler veut transformer la SRF

Au printemps prochain, Nathalie Wappler succédera à Ruedi Matter, directeur de la SRF. Elle raconte dans une interview avec la NZZ am Sonntag comment elle envisage l'avenir de l'entreprise.

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Selon Wappler, les chaînes de la télévision suisse SRF devraient à l'avenir renoncer au journalisme d'opinion. Les reportages d'actualité doivent simplement refléter la réalité et non plus l'évaluer, a déclaré la nouvelle directrice désignée de la SRF, Nathalie Wappler, lors d'une interview.

"Nous devons faire un programme qui informe, mais qui ne polarise pas. Nous ne devons pas faire de journalisme d'opinion", a déclaré cette femme de 50 ans qui succédera au printemps 2019 au directeur de la SRF Ruedi Matter. Wappler, qui est actuellement directrice des programmes du Mitteldeutscher Rundfunk à Halle, veut réajuster le service public en Suisse après la votation très disputée sur "No Billag".

"Si nous donnons la parole à un politicien dans un article et que le journaliste donne ensuite l'impression de mieux savoir, cela provoque une perte de confiance". Les journalistes devraient se ressaisir et ne pas se contenter d'utiliser des clichés du type "UDC égale fumeurs d'allumettes". La chaîne a été critiquée à plusieurs reprises par des politiciens issus du parti le plus fort de Suisse.

Les pools de journalistes doivent servir les particuliers

Le divertissement du service public ne doit en aucun cas être méprisant ou voyeuriste. Et l'information ne doit pas être scandaleuse. "Je ne veux pas de titres racoleurs à l'avenir non plus, pour qu'il y ait le plus de clics possible", a déclaré la rédactrice TV de longue date et ancienne responsable culturelle de la SRF. Elle veut donner plus de place à la recherche.

Wappler a également annoncé vouloir collaborer à l'avenir avec des médias et des éditeurs privés. Elle envisage des pools de journalistes communs dans les régions, par le biais desquels les petites rédactions pourraient puiser dans le savoir-faire de la SRF. "La BBC a créé un réseau de journalistes locaux avec les médias régionaux, auquel les petites rédactions peuvent avoir recours. Elle a ainsi renforcé le journalisme local". De tels modèles pourraient également être intéressants pour la Suisse.

"Prendre des décisions qui ne plaisent pas à tout le monde".

Wappler veut renforcer la culture, elle ne l'exposera pas à l'expression de quotas. "Nos contributions ne doivent pas être vues 16 millions de fois sur Youtube. Je souhaite plutôt trouver une méthode permettant de mesurer la pertinence". Les contributions culturelles obtiendraient souvent une portée respectable au fil du temps. La culture transmet des valeurs et est importante pour la cohésion d'une société. A l'avenir, la nouvelle directrice souhaite par exemple produire davantage de séries comme "Wilder".

Comme la SSR doit économiser 100 millions de francs par an à partir de 2019, Mme Wappler a indiqué qu'elle devra probablement supprimer 47 postes à la SRF. Elle ne s'est pas exprimée à ce sujet lors de l'interview. "Je vais devoir prendre des décisions qui ne plairont pas à tout le monde". (hae/SDA)

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