Le paysage médiatique suisse après la votation sur No Billag

Trois jours après la votation sur No Billag, des représentants de la politique, des médias, de la communication et de l'administration fédérale ont discuté mercredi dernier, dans le cadre de la traditionnelle manifestation de session du groupe parlementaire Médias et communication (GMK), des conséquences de l'initiative et du futur paysage médiatique suisse.

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Depuis dimanche, il y a une semaine, la votation sur l'initiative No Billag, très controversée sur le plan émotionnel, fait partie de l'histoire. Un vote qui a tenu en haleine toute la Suisse pendant des mois et qui a fait parler de lui bien au-delà des frontières. Quel autre pays se permettrait de laisser son peuple décider du financement de la radio-télévision publique ? C'est dans ce contexte exceptionnel que le groupe parlementaire Médias et communication (GMK) a invité le 7 mars 2018, à l'occasion de sa traditionnelle manifestation de session, des personnalités ayant participé à la discussion sur la votation à faire le point sur la situation.

La vice-présidente de l'EMEK appelle à plus de respect

Même si la décision est finalement tombée à plus de 70%, les dés sont loin d'être jetés quant à l'avenir de la Suisse en tant que pays de médias. Certes, divers protagonistes, y compris la SSR, ont pris position immédiatement après le vote et ont soumis de nouvelles propositions de restriction et de financement. Silvia Egli von Matt, vice-présidente de la Commission fédérale des médias (CFM), a en revanche appelé dans son discours d'ouverture à un processus de réflexion dans le cadre duquel il conviendrait de réfléchir ensemble à une place médiatique suisse pérenne, diversifiée et de qualité, et de définir intelligemment les conditions-cadres. Le débat sur No Billag a toutefois été marqué par un manque de respect envers les autres opinions, des soupçons généralisés et une méfiance attisée par la politique. Cela est aussi dangereux pour la démocratie et notre société que l'absence de journalisme.

Les opinions sont (encore) faites

Après cet état des lieux, Frank Bodin, CEO de Havas Switzerland, Gilbert Bühler, CEO des Freiburger Nachrichten, Thomas Juch, membre du comité directeur des jeunes libéraux-radicaux et co-président de No Billag, ainsi que Philipp Metzger, directeur de l'OFCOM, ont croisé le fer. Il en est ressorti que malgré le verdict clair, il reste encore un bon bout de chemin à parcourir avant d'arriver à un consensus. Gilbert Bühler, entrepreneur dans le domaine des médias et membre de la présidence de l'association Médias Suisses, a salué le résultat clair ainsi que l'annonce de la SSR de se restreindre. Il a toutefois précisé que ce n'était pas le dernier mot. Selon lui, des corrections sont encore nécessaires, notamment en ce qui concerne l'offre en ligne de la SSR et la publicité ciblée ; cette dernière est à proscrire.

Il a reçu le soutien de Thomas Juch sur cette question. L'initiateur de No Billag a clairement indiqué que le comité d'initiative maintiendrait la pression sur le processus de réforme. Il est certes légèrement déçu par le résultat clair, mais aussi fier que pour la première fois, ils aient pu lancer une discussion vraiment fondée sur le rôle de la SSR.

Les Suisses veulent un service public fort

Du point de vue de la branche de la communication, Frank Bodin a en revanche qualifié de naïf le fait de restreindre les possibilités publicitaires de la SSR. Une grande partie des gens continuerait à apprécier et à consommer les programmes de la SSR ; la publicité se sentirait à l'aise dans de tels endroits. De plus, ce ne sont pas les prestataires privés qui profiteraient d'une limitation temporelle ou d'une interdiction de la publicité spécifique aux groupes cibles, mais les fenêtres publicitaires étrangères et les grandes plateformes mondiales comme Google et Facebook.

Le directeur de l'OFCOM Philipp Metzger l'a indirectement soutenu. La votation a montré que les gens veulent un service public fort. Il est donc d'autant plus important de poursuivre le processus de réforme entamé. Le projet de concession dans la nouvelle loi sur les médias exige déjà beaucoup de la SSR et ne lui accorde pas de nouveaux droits. Au contraire, ses possibilités sur Internet seraient encore plus limitées et les textes sans image ou sans lien avec une émission propre seraient interdits.

En conclusion de la discussion, le coprésident Filippo Lombardi a appelé les parties concernées à ne pas tout laisser au régulateur. Le secteur doit également s'efforcer de trouver une solution. Une table ronde serait une première étape possible. En tant qu'association faîtière de la communication commerciale, Communication Suisse est la mieux placée pour le faire, puisqu'elle représente les intérêts communs de toutes les parties importantes comme l'Association Médias Suisses, Admeira, Goldbach ou l'Association suisse des radios privées (ASRP).

Information et sensibilisation

Une bonne quarantaine de représentants du Parlement fédéral, des autorités fédérales, des groupes d'intérêts et de la Commission fédérale des médias (EMEK) ainsi que des membres du comité des associations organisatrices Schweizer Medien et KS/CS Kommunikation Schweiz se sont réunis hier, mercredi 7 mars 2018, au restaurant äusserer Stand à Berne. Le groupe parlementaire Médias et communication (GMK) s'est fixé pour objectif d'informer et de sensibiliser ses collègues parlementaires aux évolutions politiques, juridiques, structurelles ou économiques qui ont un impact sur la liberté des médias, la diversité des médias et la libre communication.

Le groupe est dirigé conjointement par le conseiller aux États Filippo Lombardi (PDC), la conseillère nationale Natalie Rickli (UDC) et le conseiller national Matthias Aebischer (PS).

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