71% de refus : une nette tendance au "non" à l'initiative No Billag

La redevance radio et télévision ne sera vraisemblablement pas supprimée. Selon le calcul des tendances réalisé par gfs.bern sur mandat de la SSR, les électeurs ont rejeté dimanche l'initiative No Billag.

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"Il ne peut plus rien se passer, ce sera un non", a déclaré Lukas Golder de gfs.bern à la télévision SRF peu après midi. L'institut de recherche gfs.bern parle d'une tendance au non lorsque la part de non attendue est supérieure à 55 pour cent.

Le non était attendu. Dans le dernier sondage gfs, 65 pour cent des personnes interrogées ont indiqué vouloir certainement ou plutôt rejeter l'initiative, le sondage Tamedia a donné un pourcentage de 60 pour cent de non.

Mais les signes n'étaient pas aussi clairs dès le départ. En décembre, un sondage de l'institut d'études de marché Marketagent.com avait donné une majorité de oui. Les nerfs étaient alors à vif dans la campagne de votation.

Dans l'air du temps

La SSR peut maintenant respirer. Les électeurs ont clairement fait savoir qu'ils souhaitaient que la radio et la télévision continuent à être financées par la redevance. L'UDC et l'Union suisse des arts et métiers, qui ont soutenu l'initiative, doivent essuyer une défaite.

Les initiateurs - des membres des Jeunes libéraux-radicaux et des Jeunes UDC issus du milieu libertaire - peuvent toutefois se targuer d'avoir déclenché un vaste débat sur le service public médiatique. L'initiative populaire correspondait à l'esprit du temps : Les chaînes publiques sont également sous pression dans d'autres pays.

Plus qu'un débat médiatique

En outre, les initiateurs ont permis à l'idéologie libertaire, qui n'avait guère attiré l'attention en Suisse auparavant, d'attirer une grande attention. Le concept "chacun ne paie que ce qu'il utilise personnellement" a suscité beaucoup d'approbation, mais aussi de l'irritation.

Les opposants ont mis en garde contre une désolidarisation qui, si cette approche devait faire école, pourrait mettre en péril la cohésion du pays. Les émissions de radio et de télévision sont également utiles à ceux qui ne les utilisent pas, ont argumenté les opposants. Car des citoyens informés sont une condition importante pour le fonctionnement d'une démocratie.

La SSR doit faire des économies

Les électeurs se sont apparemment laissés convaincre : l'article constitutionnel sur la radio et la télévision reste inchangé après le non de dimanche. La SSR n'est pas non plus menacée de liquidation. Des changements sont toutefois prévus.

D'une part, la SSR ne recevra plus que 1,2 milliard de francs du pot commun de la redevance à partir de 2019, soit 40 millions de moins qu'aujourd'hui. D'autre part, elle doit faire face à une baisse des recettes publicitaires. Au total, les responsables s'attendent à une baisse des recettes de 80 à 100 millions de francs.

Nouvelle concession

En 2019, la SSR recevra également une nouvelle concession : les programmes de la radio et de la télévision SRF devront se démarquer davantage de ceux des privés. De plus, la SSR doit s'engager davantage dans des coopérations avec le secteur privé. La moitié au moins de la redevance de réception doit continuer à être affectée à l'information. La consultation sur la concession est toujours en cours.

De plus, le Conseil fédéral veut autoriser la SSR à faire de la publicité ciblée. Cette forme de publicité doit toutefois être limitée. Elle ne doit notamment pas s'adresser à des groupes cibles régionaux. Les éditeurs ont néanmoins critiqué ces projets lors de la consultation sur la révision de l'ordonnance sur la radio et la télévision.

Nouvelle loi sur les médias

Enfin, le Conseil fédéral veut présenter d'ici l'été le projet de la nouvelle loi sur les médias. Il est question d'un soutien direct aux médias. Pour des raisons de politique étatique et démocratique, l'objectif doit être de garantir la diversité et la qualité du journalisme, a déclaré Doris Leuthard dans une interview.

Le Conseil fédéral réfléchit donc à soutenir financièrement à l'avenir, avec les moyens existants, non seulement la radio et la télévision, mais aussi les médias en ligne et l'agence de presse ATS. Le Conseil fédéral avait déjà donné cette orientation dans un rapport de 2016. Afin de garantir que le service public atteigne également le jeune public, le modèle actuel doit être adapté à l'ère d'Internet, écrivait-il.

Suite à donner

Le débat sur le montant de la redevance n'est pas non plus clos. Certes, le montant que les ménages et les entreprises devront payer à partir de l'année prochaine pour le service public médiatique est connu : Avec le passage à la redevance générale, le montant passe de 451 francs aujourd'hui à 365 francs par an. Les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 500 000 francs paieront une redevance échelonnée.

Diverses interventions parlementaires en faveur d'un montant plus bas ont toutefois déjà été annoncées. Une nouvelle initiative populaire n'est pas non plus exclue. En cas de oui à l'initiative No Billag, la redevance aurait été entièrement supprimée.

Les partisans ont fait la promotion de la télévision payante et de plus de publicité. De plus, des fonds fédéraux devraient affluer. Outre la SSR, les radios privées, les chaînes de télévision régionales ainsi que la scène cinématographique et musicale suisse auraient été concernées. (SDA)

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