AZ Medien pourrait s'engouffrer dans la brèche du Lauberhorn

Roger Elsener, directeur TV et radio d'AZ Medien, est convaincu qu'un oui à No Billag ne signifierait pas nécessairement la fin de la descente du Lauberhorn. L'entreprise de médias se montre intéressée par les licences qui se libèrent.

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Sans retransmission, pas de descente du Lauberhorn - cette affirmation semble incontestée. Pour la SRG, la production de la course la plus prestigieuse de l'agenda annuel de la Coupe du monde est une sorte de discipline reine : à grands renforts d'efforts, de techniques de pointe et de prises de vue uniques, la SRF diffuse dans le monde entier un spot publicitaire de deux heures pour la Suisse, pays de sports d'hiver. Samedi dernier, 23 caméras de la SRF ont capté la victoire de Beat Feuz et plus de dix tonnes de matériel ont été montées et démontées pour la retransmission.

La descente de Wengen est considérée comme l'un des meilleurs exemples de productions coûteuses et complexes qui ne pourraient pas être financées sans les redevances radio et TV. Le comité d'organisation du Lauberhorn s'est montré 20 minutes s'inquiète par conséquent de l'initiative No Billag à venir. Tout dépend de la production de la SSR - la plateforme attractive est par exemple une condition pour que les chemins de fer de la Jungfrau investissent 1,7 million de francs par an dans la course. Sans la SSR, l'enseigne numéro un des sports d'hiver suisses prendrait un coup de vieux.

Beat-Feuz

Tout le monde n'est pas de cet avis. Roger Elsener d'AZ Medien déclare à la SonntagsZeitung : "Nous pourrions en principe assumer les coûts de production des courses de ski du Lauberhorn et les retransmettre". La condition préalable serait, selon Elsener, de pouvoir reprendre tout de suite l'ensemble de la Coupe du monde de ski alpin et de retransmettre ainsi à moindre coût les courses produites à l'étranger.

Le fait que la retransmission des courses du Lauberhorn nécessite non seulement des moyens financiers, mais aussi et surtout un grand savoir-faire, ne constituerait pas un obstacle pour AZ Medien, comme l'explique Elsener en réponse à une question de Werbewoche : "Nous ferions appel à une société de production externe qui apporterait le savoir-faire nécessaire aux productions de ski. Tout comme nous le faisons lorsque nous diffusons d'autres événements sportifs en direct. Dans certains cas, nous travaillons également avec TPC, par exemple pour le CSI de Zurich".

D'autres licences, si elles se libèrent, seraient également intéressantes pour la chaîne de médias AZ TV24 : le hockey sur glace, le tennis ou le football dans le domaine du sport et d'autres droits dans le domaine du divertissement, selon Elsener. La Coupe Spengler, la Ligue des champions de football, les matchs de l'équipe nationale suisse - pour les "cerises sur le gâteau" du sport télévisé, il y aurait probablement beaucoup d'intéressés. Le patron de 3+, Dominik Kaiser, a lui aussi fait preuve d'un grand courage par le passé. Intérêt lors des matches de la Nati, qui représentent une sorte de Saint Graal pour la SSR.

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Les conséquences pour les sports marginaux ne seraient pas claires

Après un "No Billag", la situation devrait être beaucoup plus difficile pour les sports qui ont moins d'impact sur le public et qui sont tout de même pris en compte par la SSR. Jürg Stahl, président de Swiss Olympic, a déclaré à la SonntagsZeitung qu'il ne pouvait pas s'imaginer que toute la palette soit aussi bien couverte que par la SSR grâce à la redevance. Selon lui, la SSR est un facteur important qui explique pourquoi la Suisse - comme peu d'autres pays - a autant de succès dans autant de disciplines sportives.

Olivier Kessler, initiateur de No Billag, s'y oppose. Il est convaincu que les systèmes d'incitation permettraient aux privés de proposer les mêmes prestations sur le marché libre. Et même mieux et moins cher. Alors que les médias d'Etat reçoivent des redevances indépendamment de leur performance et de leur efficacité, les privés doivent s'orienter vers les besoins des clients et faire preuve d'économie dans l'utilisation des moyens.

Interrogé par Werbewoche, Roger Elsener confirme lui aussi que le privé et les sports marginaux ne s'excluent pas l'un l'autre : "En décembre/janvier, nous avons justement montré que nous avions réussi à introduire pour la première fois un sport marginal comme les fléchettes sur une chaîne de télévision privée suisse. Notamment un sport marginal que SRF n'avait encore jamais montré". Par ailleurs, la chaîne a déjà diffusé par le passé des sports comme l'unihockey, l'équitation ou la danse. (hae)

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