"Media Forti" lance un appel pour une nouvelle politique médiatique

Media Forti est une coalition pour le journalisme du futur. Dans un appel public, elle appelle à une nouvelle politique des médias.

media-forti

Le paysage médiatique suisse est en pleine mutation. La crise du financement des médias affaiblit le journalisme indépendant. Pourtant, la démocratie suisse a besoin de médias forts. Selon Media Forti, il est grand temps de remplacer les débats rétrogrades sur la politique des médias par des solutions constructives. Il ne s'agit rien de moins que de repenser la Suisse des médias.

Media Forti, la coalition pour le journalisme du futur, lance donc un appel public pour une nouvelle politique médiatique et l'a présenté lundi à Zurich. Neuf noms connus de la scène journalistique et des sciences des médias ainsi qu'une liste de plus de 70 premiers signataires éminents y appellent pour la Suisse :

  • une nouvelle infrastructure pour le journalisme moderne, où les fournisseurs privés sont en concurrence entre eux, et
  • une SSR forte, qui remplit une mission de service public et qui, grâce à un financement public suffisant, doit être "autorisée à réduire ses recettes commerciales de manière soigneusement contrôlée".
Bildschirmfoto 2017-10-02 um 20.06.43

Media Forti propose une nouvelle approche du financement du journalisme. Avec la progression de la numérisation, celui-ci devient de plus en plus difficile sur le marché libre. Les utilisateurs et la publicité ont migré vers Internet - non pas vers les offres en ligne des entreprises de médias, mais vers les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les portails de petites annonces, qui ne produisent pas eux-mêmes de contenus journalistiques. Alors que les médias classiques sont aujourd'hui déjà soutenus et encouragés par l'Etat, le journalisme sur Internet ne reçoit rien.

Infrastructure open source et promotion des médias en ligne

Media Forti propose d'une part, une infrastructure open source pour les fournisseurs privés de journalisme. Il s'agit ainsi d'éviter que chaque entreprise de médias doive investir elle-même de l'argent dans l'infrastructure au lieu d'en faire profiter le journalisme. Tous les fournisseurs - des journaux établis aux blogueurs - y auraient accès, à condition qu'ils s'engagent à respecter la déclaration des devoirs et des droits des journalistes. Cette infrastructure serait gérée par une organisation à but non lucratif. Coûts annuels : environ cinq à six millions de francs - financés par des fondations et les pouvoirs publics.

D'autre part, les fournisseurs doivent pouvoir disposer d'une aide à la production sur cette plateforme. Celle-ci fonctionne indépendamment de l'Etat et est mise en œuvre sans aucune intervention dans la liberté rédactionnelle, écrit Media Forti. Le Danemark, la Suède et la Norvège sont cités comme modèles, des pays dans lesquels ce modèle fonctionne depuis des décennies.

L'association Media Forti est indépendante des partis et des groupes d'intérêts. Afin de préserver cette indépendance, l'association a volontairement renoncé à demander à des politiciens actifs et à des représentants d'entreprises de médias d'être les premiers signataires. Derrière Media Forti se trouvent, avec Manuel Puppis (président de l'association), Anne-Laure Daboczi, Frédéric Gonseth, Olaf Kunz, Matthias Künzler, Robert Ruoff, Alexandra Stark, Chantal Tauxe et Hansi Voigt, des représentants du journalisme, de la formation aux médias, de la culture et des sciences.

L'appel de Media Forti peut être consulté dès maintenant sur Mediaforti.ch être signée.

Syndicom et Impressum saluent l'appel

Dans une prise de position, Impressum souligne qu'elle comprend Media Forti comme un "appel au réveil" : les détails de l'appel peuvent donner lieu à des discussions, comme par exemple l'idée que la "SSR forte" doit se passer des recettes de la publicité. Impressum s'est certes prononcé en principe pour le maintien du service public dans son étendue actuelle, mais pas sur la question de savoir si et dans quelle mesure une réduction des recettes commerciales de la SSR serait bienvenue, écrit l'association des journalistes.

Syndicom appelle ses propres membres à signer l'Afuruf. La démocratie a besoin de médias indépendants et d'un journalisme de qualité. La dépendance vis-à-vis des annonceurs menace la liberté des médias. Il est tout aussi fatal que Google, Facebook & Co. aspirent l'argent de la publicité dans le domaine de l'information sans l'investir dans le journalisme. En outre, nous condamnons la maximisation des profits de Tamedia, où les baisses de recettes dans la presse écrite sont économisées sur le personnel, alors que 50 millions de francs par an "tombent dans les poches des propriétaires et de l'étage des tapis".

Syndicom exige maintenant que la société civile fasse pression : un soutien public au journalisme est nécessaire, la répartition des fonds de soutien doit être liée à un mandat d'information et à une CCT. Il faut soutenir les projets de plateformes comme "Fijou" et "WePublish", afin que les médias indépendants puissent investir leurs ressources dans le travail journalistique. (hae/pd)

Plus d'articles sur le sujet