L'émission "Arena" sur les "médias malhonnêtes" a échoué selon le Médiateur

L'émission "Arena" de la SRF sur la crédibilité des médias a été un échec, selon le jugement de l'ombudsman de la SRG. Le principe d'objectivité a été violé.

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Près de 500 plaintes ont été déposées contre l'émission - un nombre jamais atteint auparavant. Les critiques ont surtout porté sur la manière dont l'animateur Jonas Projer a traité son invité Daniele Ganser. L'historien et publiciste aurait été interrogé dans l'émission sur le thème "La guerre de Trump contre les médias" (à voir sur Srf.ch) et l'a diffamé en le traitant de théoricien du complot. En outre, la chaîne aurait publié un e-mail de Ganser sans avoir obtenu son accord.

L'ombudsman soutient certaines critiques, comme il l'écrit dans son rapport publié mardi. C'est le cas par exemple de la présentation contestée des invités. La question n'est pas de savoir si Ganser est controversé ou non. La question est de savoir s'il y a égalité de traitement. Et ce n'était manifestement pas le cas.

La rigueur journalistique

Les autres personnes principales ont été présentées de manière neutre avec leur activité principale, alors que Ganser a été présenté comme un "publiciste controversé". La rédaction s'est ainsi comportée de manière référentielle vis-à-vis des autres invités, mais de manière commentative en ce qui concerne Ganser. Cela n'est pas approprié, écrit le médiateur Roger Blum. Dans une émission de débat, le présentateur peut tout à fait poser des questions critiques à l'un des invités, mais ne peut pas procéder à un tel "contre-interrogatoire" avec l'autre. Il y a toutefois deux exceptions : Lors d'émissions précédant des élections ou des votations et lors d'émissions dans lesquelles la télévision elle-même est le sujet. Et c'est précisément ce dernier cas qui s'est présenté lors de "La guerre de Trump contre les médias".

Il s'agissait d'une part de la profession d'animateur, d'autre part de sa propre maison, la Radio Télévision Suisse SRF. Dans ce contexte, Projer a défendu la position de la SRF. "Il était par conséquent partie prenante et non plus arbitre", écrit l'ombudsman. Lorsqu'une chaîne se thématise elle-même, cela l'oblige à faire preuve d'un soin journalistique particulier. "Ce devoir de diligence journalistique particulier n'était pas rempli à ce stade de l'émission, lorsque le Dr Daniele Ganser a été attaqué à plusieurs reprises".

Le médiateur considère qu'il y a eu une double violation des règles lorsqu'il s'est agi de l'e-mail. Premièrement, il n'était pas juste de publier à la télévision, sans l'accord de son auteur, un e-mail qui relève en fait de la sphère privée. Deuxièmement, il n'était pas juste d'omettre la deuxième partie de l'e-mail. Il s'agit là aussi d'une violation du principe d'équité.

"Tirer les leçons de l'affaire"

L'animateur Jonas Projer n'aurait pas vu dans l'émission qu'il y avait une double auto-thématisation et qu'il aurait donc fallu un devoir de diligence journalistique accru. "Même un excellent présentateur peut parfois échouer", écrit l'ombudsman. L'ombudsman recommande à la SRF de compléter ses "lignes directrices journalistiques" de manière à ce qu'un devoir de diligence journalistique accru s'applique aux émissions dans lesquelles les médias en soi et la SRF en particulier sont thématisés. La rédaction avait rejeté les réclamations.

Il s'agit maintenant de tirer les leçons de ce cas et de faire une meilleure "Arena" lors d'une prochaine fois comparable, a écrit Jonas Projer, qui est également directeur de la rédaction de l'"Arena", dans une prise de position. L'"Arena" sur la crédibilité des médias est la raison pour laquelle l'ombudsman de la SSR Blum a reçu jusqu'à présent 600 plaintes en 2017. "En chiffres absolus, c'est un record", déclare Blum. Même si ce chiffre est à prendre avec précaution, on peut dire que le public s'engage davantage.

Plus de requêtes au Conseil de la presse

Le Conseil suisse de la presse a également reçu plus de plaintes que les autres années. Depuis le début de l'année, on compte déjà une quarantaine de requêtes. Si le rythme se poursuit au même rythme, on pourrait atteindre 120 à 130 plaintes, selon la directrice Ursina Wey. La moyenne est de 70 à 80 par an. Le président Dominique von Burg relativise : Une personne a par exemple déposé six plaintes sur un seul point, dit-il sans pouvoir donner de détails. Le Conseil de la presse traite les plaintes contre des articles dans les médias, mais pas les plaintes civiles ou pénales contre les médias ou les journalistes, explique Wey. Il est difficile de trouver des explications. Les discussions sur les fake news ou les théories du complot pourraient avoir une influence. Blum a observé que les russophiles se mobilisent de plus en plus via Internet contre les informations politiques sur la Syrie, l'Ukraine ou la Russie. (SDA)

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