"Les formats pour les chauffards n'ont pas leur place dans le programme".

L'ancien rédacteur en chef de la SRF, Ueli Haldimann, estime que la SSR traverse la plus grave crise de son histoire et lui en attribue une part de responsabilité dans une interview accordée à la NZZ am Sonntag.

Pour Haldimann, l'une des trois raisons du résultat serré de l'initiative LRTV - outre une contre-campagne polémique et la nouvelle attitude négative des éditeurs privés - est le manque de service public perçu par la population. Ainsi, la télévision suisse a supprimé et réduit des formats culturels, lancé en revanche des casting shows coûteux et usés, diffusé davantage d'émissions glorifiant les sports extrêmes et introduit des "formats pour chauffards" comme "Tacho" ou "Top Gear". Ce genre de choses n'a pas sa place dans le programme d'une chaîne financée par la redevance et le public le remarque, selon Haldimann.

L'ancien rédacteur en chef s'inquiète par ailleurs de la menace croissante qui pèse sur l'indépendance des médias électroniques. En Suisse, contrairement à l'Allemagne et à l'Autriche, on était jusqu'à présent d'accord pour dire que la politique ne devait pas se mêler des affaires des producteurs de programmes. Ce qui se passe actuellement est "la rupture totale de la digue", puisque les partis ont fait savoir en public quelles émissions devaient être supprimées et lesquelles devaient être rediffusées. La SSR devrait se tenir à côté de la politique et en rendre compte de manière critique, mais elle est maintenant devenue le "jouet de la politique quotidienne".

La proposition des éditeurs est "insensée

Haldimann critique en outre le fait que "les bénéficiaires de la SSR" - la branche du cinéma et de la musique, les créateurs culturels, les associations sportives - ne se soient pas exprimés lors de la campagne de votation.

Haldimann qualifie d'"insensée" la proposition des éditeurs selon laquelle SRF devrait renoncer aux spots publicitaires, car 1,2 milliard de francs de redevance suffiraient, bien qu'il ait "une grande compréhension pour les problèmes des éditeurs". "Ils pensent sans doute que les annonceurs vont à nouveau insérer des annonces pleine page dans les journaux ou placer des spots sur les chaînes de télévision régionales. Mais c'est une erreur". Ce sont plutôt les fenêtres publicitaires suisses des chaînes privées allemandes qui en profiteraient, 300 millions de francs d'argent publicitaire s'écoulant à l'étranger sans création de valeur en Suisse. "Est-ce vraiment ce que veulent les éditeurs ?", demande Haldimann. (hae/NZZaS)

Image : SRF/Marc Wetli
 

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