Le Conseil de la presse rejette trois plaintes

Le Conseil de la presse a rejeté des plaintes contre 24 Heures, Vigousse et la Weltwoche. Il s'agissait de la sphère privée de politiciens, de la dénonciation satirique de fonctions publiques et du "Chüngel-Gate".

Si la femme d'un homme politique se dispute au tribunal avec une employée de maison, la presse peut en rendre compte et identifier l'homme politique. Le Conseil de la presse a rejeté une plainte en ce sens. Il estime toutefois que l'article de presse doit être en rapport avec l'activité politique.
 

24 Heures a consacré plusieurs articles à une employée de maison qui a accusé en justice l'épouse d'un politicien socialiste de lui avoir retenu son salaire, de l'avoir payée en dessous du minimum légal et de l'avoir licenciée abusivement. Le politicien attaqué et son épouse se sont alors plaints auprès du Conseil de la presse que leur sphère privée avait été violée. Pour le Conseil de la presse, il existe dans le cas concret un intérêt prépondérant à la protection de la sphère privée pour un compte rendu identifiant. Même si l'employée de maison était formellement engagée par l'épouse et sa pharmacie, le politicien était de facto également employeur. Et en tant qu'avocat spécialisé dans le droit du travail et en tant que parlementaire d'un parti qui a récemment lancé une campagne pour améliorer le statut des employées de maison, il devrait accepter que son comportement privé dans ce contexte soit thématisé publiquement.

Vigousse : Protéger les personnes concernées contre elles-mêmes

Un journal satirique peut-il dénoncer les abus d'une fonction publique ? Bien sûr, répond le Conseil de la presse. Mais cela ne dispense pas la rédaction d'entendre les responsables de l'office avant de publier des reproches graves. En outre,
il rappelle que les médias devraient, dans certaines circonstances, protéger les personnes concernées contre elles-mêmes et donc s'abstenir, malgré leur consentement, de faire un reportage permettant de les identifier.

Le journal satirique romand Vigousse a rapporté dans plusieurs articles des dysfonctionnements au sein du service de protection de la jeunesse de l'Office genevois de la jeunesse. Le Département genevois de l'instruction publique s'est alors plaint auprès du Conseil de la presse de fausses insinuations, de l'amalgame entre faits et commentaires, de l'absence d'audition sur des reproches graves ainsi que de la mention inadmissible du nom d'une famille concernée. Le Conseil de la presse admet partiellement la plainte. Malgré quelques inexactitudes, une violation du devoir de vérité n'est pas établie. Et le lectorat de Vigousse, vu le ton sarcastique, est en mesure de reconnaître le caractère commentatif des articles. En revanche, le magazine aurait été tenu de confronter les responsables de l'autorité critiquée, par exemple, avant la publication, au reproche d'avoir placé abusivement un grand nombre d'enfants et d'avoir agi en dehors de la loi. En outre, du point de vue de la protection des enfants concernés, il aurait été opportun de renoncer, malgré l'accord des parents, à un reportage identifiant une famille concernée par les mesures critiquées. (PD)

Weltwoche : Pas de mise au point nécessaire dans le "Chüngel-Gate

Dans le troisième cas traité, le Verein gegen Tierfabriken (VGT) a porté plainte contre le Weltwoche. Dans l'article "Schweizer 'Chüngel-Gate'", Philipp Gut dénonçait les tromperies et les mépris liés à la viande de lapin étrangère de qualité dans la gastronomie suisse. Dans l'introduction, il a fait l'éloge des prescriptions et des lois suisses en matière d'élevage de lapins. Le président de la VGT, Erwin Kessler, a ensuite exigé une rectification, car en Suisse aussi, les lapins peuvent être détenus individuellement. - une forme d'élevage incompatible avec la loi suisse sur la protection des animaux et qui fait subir des souffrances aux animaux. Que les lapins suisses se portent moins bien que ne l'affirme Gut dans son introduction n'est contesté ni par les spécialistes, ni par le Conseil de la presse. Mais comme le sujet principal de l'article était autre, la Weltwoche n'était pas tenue, selon le Conseil de la presse, de reproduire la critique politico-juridique des dispositions de l'ordonnance sur la protection des animaux concernant la détention des lapins en Suisse. En outre, l'auteur n'avait pas basé son affirmation sur un critère absolu, mais seulement sur une comparaison des lois de la Suisse et de l'étranger. (hae)
 

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