Des chercheurs de l'EPFL développent une alternative au bitcoin plus respectueuse de l'environnement

La crypto-monnaie Bitcoin consomme d'énormes quantités d'énergie et produit ainsi d'importantes émissions de CO2. Des chercheurs de l'EPF de Lausanne travaillent sur une alternative moins gourmande en énergie.

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L'EPFL - École polytechnique fédérale de Lausanne vue du ciel (Photo : Facebook/EPFL)

 

L'empreinte écologique de la monnaie numérique Bitcoin est énorme. La raison en est le mécanisme qui doit assurer la sécurité des transactions, par exemple pour éviter qu'une unité de bitcoin ne soit émise plusieurs fois. En substance, chaque transaction doit être confirmée par un contrôleur central temporaire qui contrôle l'ensemble du réseau Bitcoin et qui a le droit d'ajouter la nouvelle transaction à la "blockchain".

En échange de sa prestation, le contrôleur central reçoit des unités de bitcoin, raison pour laquelle la concurrence pour ce rôle est rude. Le gagnant est celui qui résout un problème mathématique complexe - ce qui nécessite une énorme puissance de calcul et des quantités d'énergie considérables. Les spécialistes appellent cela le "minage".

 

La présomption d'innocence comme base

Une équipe de recherche dirigée par Rachid Guerraoui de l'EPFL propose toutefois une autre approche, minimaliste, qui consomme beaucoup moins d'énergie. "S'il s'agit seulement de savoir si une personne A peut transférer une unité de bitcoin à une personne B, ou si elle a déjà donné cette unité à une personne C, D et E, on n'a pas besoin d'une autorité centrale qui contrôle l'ensemble du réseau", a expliqué Guerraoui lors d'un entretien avec l'agence de presse Keystone-SDA. Selon lui, il s'agit d'un problème bien plus simple.

Au lieu de suspecter tous les acteurs, l'algorithme développé par Guerraoui et ses collègues, appelé "Byzantine Reliable Broadcast", part du principe de la présomption d'innocence, a indiqué lundi l'EPFL.

 

Échantillonnage de validation

La sécurité du système peut être assurée par la communication (ou "broadcasting") entre les participants du réseau Bitcoin, a-t-on ajouté. Au lieu d'être un contrôleur central qui court-circuite tous les participants, il suffit d'échanger avec un échantillon d'autres "joueurs".

"Si une personne A veut payer en bitcoin, le système ne permet pas à une personne B d'accepter le paiement tant qu'un échantillon aléatoire d'autres joueurs n'a pas exclu que la personne A ait déjà dépensé l'unité de bitcoin", explique Guerraoui.

La consommation d'énergie de cette approche serait comparable à celle de l'échange de courriels, a déclaré le chercheur. Une transaction n'émettrait que quelques grammes de CO2, contre environ 300 kg pour une transaction classique en bitcoins.

 

Une sécurité élevée pour des transactions simples

En matière de sécurité des transactions, le nouveau système n'a rien à envier au système classique, écrit l'EPFL. Toutefois, "Byzantine Reliable Broadcast" ne convient pas à toutes les applications possibles avec le bitcoin. Par exemple, les transactions complexes comme les contrats intelligents ne sont pas possibles. Des applications relativement simples, comme par exemple un système de paiement pour une offre de partage de vélos, sont toutefois envisageables.

L'équipe de recherche de l'EPFL a déjà présenté le concept dans deux publications dans le cadre de conférences spécialisées, ce qui lui a valu une grande reconnaissance de la part des spécialistes, a indiqué l'EPFL. Guerraoui et ses collègues souhaitent mettre le nouvel algorithme à la disposition du public sous forme de code open source d'ici fin 2020. (SDA)

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